Le carburant augmente moins qu'il n'y paraît

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Publié le: 14/05/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
Alors que le prix à la pompe remonte à son niveau de juillet 2006, une étude montre que le carburant est relativement moins cher qu'il y a 20 ou 30 ans.

Ça maugrée devant la pompe. Le baril de pétrole brut est remonté à 66 dollars (Londres), poussant le prix du litre d'essence vers des sommets : 1,31 € en moyenne pour un litre de SP 95, jusqu'à 1,50 € pour le SP 98. Les causes : des tensions au Nigeria et dans le sud de l'Irak, l'arrêt d'une plateforme Total au Congo, des stocks américains très bas alors que commence la saison des transhumances routières estivales, des capacités de raffinage amputées, sans doute aussi un peu de spéculation. Qu'il est loin le bon temps - dans les années 70 - où le litre de carburant valait autour de 20 centimes d'euro...

Alourdir les taxes

Le bon temps ? Pas si sûr. Selon une étude de la très sérieuse Adème pour le compte de la Fnaut (Fédération des usagers des transports), le prix du litre de carburant n'a pas augmenté plus vite que les autres prix depuis 35 ans, avant le premier choc pétrolier. La même enquête démontre qu'il aurait même baissé : en 1970, il fallait 20 minutes de travail à un smicard pour s'offrir un litre de carburant. En 2005, il ne lui fallait plus que 8 minutes. Au regard du salaire moyen, c'est même respectivement 8 minutes et 4 minutes. Autrement dit, si on raisonne en terme de pouvoir d'achat, le coût du carburant aurait, en réalité, baissé de moitié sur cette même période.

Quand on regarde dans le rétroviseur, on s'aperçoit, en effet, que le pétrole connaît aussi des années de baisse. Que le gazole, moins cher que l'essence, remplit aujourd'hui la moitié des réservoirs. Et que le smic a été multiplié par 16 en 35 ans. À l'inverse, le budget transports en commun, même s'il reste environ de moitié inférieur à celui de la voiture, a objectivement augmenté. D'où la préconisation de la Fnaut : alourdir les taxes (la TIPP) pour inciter les usagers à prendre le bus ou le tram. Ce serait « un signal pédagogique fort sur la nécessité de se dégager de la dépendance pétrolière et de réagir au défi climatique. »

D'où vient, alors, cette impression que le prix de l'essence augmente toujours ? Comme pour le reste, notre mémoire se montre sélective et retient plus les mauvaises nouvelles que les bonnes. Mais surtout, on utilise davantage sa voiture qu'il y a 35 ans, en nombre de kilomètres et en temps passé dans les embouteillages. Enfin, pour fuir la congestion de villes de plus en plus tentaculaires, on s'éloigne de son lieu de travail. Vivre à la campagne (lire ci-contre), c'est un choix de vie, mais qui multiplie les kilomètres et nécessite souvent, pour les familles, une seconde voiture. Et dans une petite commune, les transports en commun n'offrent pas les mêmes commodités que dans la grande ville.

Michel URVOY.