« La prime à la casse, c'est beaucoup de gâchis »

Actualité

Publié le: 08/12/2009 - Mis à jour le: 08/10/2019
P2967_091208.jpg

Les casseurs s'interrogent sur les effets de la prime qui sera réduite en janvier. A court terme, elle apporte de la matière première mais à long terme, elle fragilise la profession.

« Nous manquons de place, la prime à la casse nous a apporté beaucoup de voitures en peu de temps, on n'a pas eu le temps de s'y préparer. » Dans cette casse de la région lorientaise, on cherche de la place pour stocker le surplus de voitures provoqué par la fameuse prime. A court terme, ses dirigeants se frottent les mains. Toutes ces voitures, ce sont des milliers de pièces de véhicules encore en état de rouler et des tonnes de ferraille à revendre.

Trop de voitures neuves

Mais avant, il va falloir les dépolluer, c'est la loi. « Batterie, huiles, liquides de refroidissement, laves glace et fluides frigorifiques des climatisations, tout doit être retiré. Nous avons notre propre centre de dépollution pour effectuer tous ces travaux », explique Gwenaëlle Feld, responsable exploitation à Récup'auto, à Caudan. Ensuite, il n'y a plus qu'à démonter tout ce qui l'est et revendre la ferraille à la tonne.

« Sur le plan environnemental, ce n'est pas une bonne mesure non plus, rajoute François Logeay, représentant des recycleurs au conseil national des professions de l'automobile. Celui qui avait une vieille R 19 qui polluait beaucoup aurait pu acheter une 206 diesel d'occasion beaucoup moins polluante et on aurait cassé la vieille R19 plutôt que la 206... »

Que les amateurs de 205 se réjouissent : les casses ne manquent pas de pièces de ce modèle populaire. « En ce moment, nous en avons vingt mais c'est une série que l'on verra de moins en moins... » déplore-t-on à Caudan. L'opération semble peu intéressante à long terme.

Le long terme, c'est ce qui inquiète les casseurs. « Avec la prime à la casse, il y a plus de voitures neuves sur les routes qui n'ont pas besoin de pièces détachées d'occasion pendant quelques années », regrette-t-on à Tilt auto, à Cléguer. Pire. « On retire de la circulation les voitures qui avaient peu d'électronique, celles que l'on pouvait réparer tout seul. Ce n'est plus le cas avec la nouvelle génération de véhicules bardés de capteurs. »

Moins de bonnes occasions

Et puis, on a beau être démolisseur, détruire des voitures en bon état, ça fait mal au cœur. « Il y a beaucoup de gâchis. On reçoit des voitures qui ont moins de 50 000 km au compteur. » Chez les jeunes mécaniciens de cette casse, on ne cache pas son écoeurement. Ces voitures, ils les rachèteraient bien mais classées comme véhicules hors d'usage, elles n'ont plus l'autorisation de rouler... Du coup, ils doivent se tourner vers des voitures plus récentes certes (moins de dix ans), mais qui ne sont plus à la portée de leurs bourses.

Dommage, c'est aussi cette clientèle, habituée au système D et aux achats de pièces par internet, qui ne peut pas se permettre d'acheter un rétroviseur électrique avec dégivrage intégré à 175 €.

Olivier Cléro, Ouest-France

A lire également sur Ouestfrance-auto.com :
Flambée des ventes de voitures neuves en France en novembre
Prime à la casse, bonus : nouvelles règles auto pour 2010