La Poste roule pour le véhicule électrique

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Publié le: 18/04/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
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P1059_070418.jpgCinq cents voitures pour commencer, 10 000 dans cinq ans. La Poste se branche sur le véhicule 100 % électrique. Avec le carburant financier de l'État.

On en parle beaucoup du véhicule électrique, mais peu de clients se bousculent au portillon. Surprise, La Poste est peut-être en train de changer la donne. Elle lance un appel d'offres européen pour acheter 500 véhicules électriques. Et envisage de pousser ses commandes à 10 000 unités en cinq ans, si tout se passe bien. 10 000 sur les 60 000 que compte le parc maison, on dépasse la barre du symbolique.

Dassault et Bolloré
La Poste ne part pas à l'aveuglette. Depuis deux ans, elle teste, comme sept autres entreprises et villes (EDF, Veolia, Saint-Étienne, etc.), un proto du nom de Cleanova, mis au point par la Société des véhicules électriques (SDV), une filiale de Dassault et du carrossier Heuliez. « Expérience concluante », estime Jean-Paul Bailly, le PDG de La Poste, en égrenant le catalogue des avantages. L'autonomie est suffisante, la fiabilité excellente, l'usure raisonnable, le taux de panne limité. Et les économies substantielles : un plein électrique coûte six fois moins cher qu'un plein diesel, selon Jean-Paul Bailly. Mieux, les facteurs, les premiers concernés, sont contents, du confort, du silence...

Cerise sur le gâteau, soumise à « l'aimable » sollicitation de son autorité de tutelle, le ministère de l'Industrie, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) met la main à la poche pour alléger le chèque de La Poste. Elle lui applique le tarif des aides habituellement réservées aux particuliers : 3 200 € par véhicule. Soit environ le tiers de la facture. Cela aide.

Est-ce ainsi la vraie annonce du grand démarrage du véhicule électrique, comme voudrait le croire François Loos, le ministre de l'Industrie ? Il est encore un peu tôt pour le dire. Les clients pionniers (France Télécom, EDF) qui ont essuyé les plâtres de la voiture 100 % électrique de première génération - et connu les multiples problèmes d'autonomie, de recyclage, de panne, de coûts - n'ont pas tous le même allant que La Poste. Loin s'en faut. Même si tout le monde reconnaît que l'argument écologique (réduction des émissions de CO 2 ) devient intéressant.

Les grands constructeurs eux-mêmes sont plutôt divisés. Il y a ceux qui y ont cru exagérément, comme Peugeot Citroën, au milieu des années 1990 et qui ne fabriquent plus aujourd'hui de véhicules électriques. Il y a ceux qui y croient timidement, comme General Motors ou Nissan, avec des investissements relativement modestes. Et il y a les « petits » opportunistes qui veulent profiter des vents portants de la voiture propre.

La France possède deux francs-tireurs. Dassault (SVE) est le plus avancé grâce à sa Cleanova, expérimentée en entreprise depuis deux ans. Vincent Bolloré est le plus innovateur, en matière de batterie et de voiture, mais sa BlueCar n'en est pas encore au stade industriel.

Paul BUREL.