Hausse du prix du carburant : faut-il passer à l’éthanol ?

Les automobilistes cherchent désespérément des solutions pour faire face à la montée des prix des carburants. Que faut-il penser du passage à l’E85 ? voici des éléments de réponses.

Qu’est-ce que le Superéthanol E85 ?

Ce carburant ne comprend que 15 à 35 % d’essence. Il est composé essentiellement d’éthanol, c’est-à-dire d’alcool. Il est produit à 50 % à partir de betterave et le reste à partir de blé ou maïs », ​détaille Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants au Syndicat des producteurs d’alcool agricole. « L’E85 est proposé dans une station sur trois »,​ note Francis Pousse, président de la branche carburants au syndicat Mobilians. Cela représente 1 % des ventes. Mais sa part grimpe au sein des essences (qui pèsent le quart du marché). Elle est passée de 4 à 4,9 %.

Pourquoi cette hausse des ventes ?

En raison du prix de l’E85. Il se vend en moyenne 0,92 € le litre, contre 1,93 € pour le SP95-E10. Cette différence s’explique par la fiscalité. La taxe sur les produits énergétiques s’élève à 12 centimes le litre d’E85 (contre 66 centimes pour le SP95-E10).
Favoriser les biocarburants contribue à la lutte contre le réchauffement climatique », ​justifie l’Etat. Une analyse contestée par Greenpeace : les agrocarburants détruisent des écosystèmes naturels et déforestent », ​écrit l’association. Seule 0,7 % de la surface agricole française est utilisée pour le bioéthanol », ​répond Nicolas Kurtsoglou.

Quels véhicules peuvent-ils rouler à l’éthanol ?

Des constructeurs proposent des véhicules essence flex-E85 d’origine, essentiellement Ford, mais aussi Jaguar et Land Rover. 6 000 ont été immatriculés en 2021, portant leur nombre à 45 000.

Il est aussi possible de faire installer un boîtier homologué sur une voiture déjà en circulation. 135 000 sont ainsi équipées. Cela concerne uniquement des véhicules essence, postérieurs à 2000. L’installation de tels boîtiers est légale depuis un arrêté de 2017 », ​précise Jean-Baptiste Le Dall, avocat en droit automobile. Depuis, quatre fabricants (Biomotors, Flexfuel, Borel et eFlexfuel) ont fait homologuer des boîtiers par l’Etat. Et donné leur agrément à des installateurs (la liste sur bioethanolcarburant.com).

A quoi sert le boîtier ?

Il calcule la proportion d’éthanol et d’essence dans le réservoir, afin d’injecter davantage de carburant à certains moments. ​Car l’éthanol contient moins d’énergie que l’essence. D’où une surconsommation d’environ 25 %. En hiver, la proportion d’essence est plus élevée dans le produit, ​souligne Francis Pousse. Cela facilite le démarrage.

Combien l’installation coûte-t-elle ?

1000 à 1 500 €, ​calcule Francis Pousse. Cela devient rentable à partir de 10 000 à 15 000 kilomètres. ​Une fois le boîtier installé, il faut faire modifier la carte grise, moyennant une taxe de gestion d’environ 14 € : la mention ES deviendra FE.

Qu’en est-il de la reprogrammation du moteur ?

Elle permet de faire quasiment la même chose qu’un boîtier. Certains garagistes le proposent. Ce n’est pas légal, ​souligne Yves Riou, directeur du pôle contrôle chez Mobilians. Cela peut poser des problèmes d’assurance. ​Et impossible de faire modifier la carte grise.

Et la garantie ?

Après l’installation d’un boîtier, tout ce qui n’est pas en contact avec le carburant continue de relever de la garantie constructeur, ​indique Nicolas Kurtsoglou. Les éléments en contact avec le carburant relèvent, eux, désormais de la garantie du fabricant du boîtier.