Des prises pour attirer les voitures électriques

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Publié le: 02/11/2010 - Mis à jour le: 07/09/2023
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Pour se décider, les particuliers auront besoin d'être certains de trouver partout une prise électrique où recharger. Au supermarché, au pied de leur immeuble, au bureau...

Imaginez-vous dans quelques années, un vendredi soir. Vous revenez du travail en voiture électrique. Le réflexe est pris : vous la branchez pour la nuit à une prise dans votre garage, pourquoi pas celle de la machine à laver ?

Le lendemain, vous vous arrêtez au supermarché. Pendant vos courses (une heure), la voiture se recharge sur une des prises 32 ampères en triphasé du parking, bien plus rapides que la prise 16 ampères de votre machine à laver.

Si vous voulez vous rendre de Brest à Paris, il faudra, par contre, compter sur les bornes rapides (vingt minutes) ou opter pour des échanges de batteries (une minute). Sinon ? Vous pourriez bien passer votre journée sur les parkings de supermarché, car l'autonomie est limitée à 200 kilomètres.

C'est sur ce scénario que travaillent pouvoirs publics, collectivités, constructeurs automobiles et industriels du matériel électrique. Le gouvernement doit présenter cet automne un « livre vert » encadrant le déploiement des prises. Il vise 75 000 prises sur la voirie et les parkings publics, en 2015, dont 15 000 bornes rapides. Le président de la République a proposé d'en financer la moitié, l'autre moitié étant à la charge des collectivités. Quant au domaine privé (entreprises, immeubles), il devrait être couvert par 900 000 prises normales.


Des batteries délicates

« L'infrastructure doit anticiper de deux ans la montée en puissance du parc », rappelle Christophe Chevreton, responsable Renault du développement du véhicule électrique en France. Il faut avoir le sentiment d'être entouré de solutions pour recharger, sinon on autolimitera ses voyages. »

Reste une inconnue. Comment les batteries supporteront l'alternance de charges lentes et rapides ? « Si vous utilisez toujours des bornes rapides, il n'y a pas de problème, mais cela vaut pour les véhicules qui passent toujours par les mêmes points comme les bus, explique Hervé Borgoltz, le PDG de l'entreprise DBT, qui a installé la plupart des 4 500 prises publiques existantes. Mais si vous utilisez les deux modes de charge, vous divisez par deux la durée de vie de la batterie. À 15 000 € le pack, ce n'est pas envisageable. »

Un avis que ne partage pas du tout Christophe Chevreton : « 90 % de charges normales et 10 % de rapides, ça va très bien. C'est plus difficile à dire pour 50 %-50 %. Mais de toute façon, on louera la batterie, ce qui débarrasse le client de ces soucis. »

Hervé Borgoltz ne croit pas non plus au système d'échange de batteries : « Cela revient à dire qu'il faut trois packs de batteries pour chaque voiture. Une en fonctionnement, une en charge et une prête à être transférée. Au final, cela revient plus cher que le prix de la voiture... »

Christophe Chevreton rétorque que le raisonnement ne tient pas compte des besoins des clients : « Si vous faites 100 km/jour, vous allez vous brancher sur une prise, si vous faites un Paris-Nice, vous aurez besoin de stations de changement de batteries. »

Even VALLERIE, Ouest-France